Dès le début des années 70, des mécanismes internes de révision sont instaurés dans les organismes chargés d’administrer différents régimes et programmes gouvernementaux. Sur demande, le citoyen insatisfait peut obtenir la révision d’une décision. Il ne s’agit pas d’instances indépendantes, mais entièrement gérées et financées par l’organisme qui a rendu la décision.
Le rapport Dussault
En 1971, le Rapport du groupe de travail sur les tribunaux administratifs du Québec (rapport Dussault) recommande, entre autres, de reconnaître l’existence d’une réelle justice administrative qui, «parallèlement à la justice civile et à la justice pénale, concerne principalement les rapports entre l’administration publique et les administrés», de régir les tribunaux administratifs par une loi-cadre, d’uniformiser et de clarifier la terminologie en usage en droit administratif québécois et d’effectuer un effort de systématisation des institutions et organismes appelés à interpréter et appliquer le droit administratif.
Le rapport Dussault propose également d’intégrer la réforme des tribunaux administratifs dans une réforme plus générale qui définirait les critères pour distinguer les organismes selon les fonctions exercées.
En 1975, dans le but d’assurer une justice plus neutre et impartiale, le gouvernement instaure la Commission des affaires sociales, dotée d’une juridiction d’appel final. Cette instance s’ajoute aux bureaux de révision. Elle devient ainsi le troisième palier décisionnel. L’objectif est d’offrir une justice administrative impartiale, plus rapide, moins coûteuse et moins formelle que celle applicable devant les tribunaux judiciaires.
En 1984, la Cour suprême du Canada rappelle, dans l’arrêt Control Data Canada Ltée, l’importance du rôle des tribunaux administratifs dans la société : « En effet, faut-il encore le rappeler, les tribunaux administratifs répondent au besoin d’apporter des solutions à des conflits qui se prêtent mieux à un procédé décisionnel autre que celui qu’offrent les tribunaux judiciaires. Souvent, le juge administratif est mieux formé et mieux renseigné sur le milieu où s’exerce sa compétence, et a accès à des renseignements qui ne se trouvent pas, la plupart du temps, au dossier soumis à la cour. »
En 1987, le Rapport du Groupe de travail sur les tribunaux administratifs (le rapport Ouellette) recommande diverses mesures touchant l’organisation de plusieurs tribunaux administratifs, leur composition, leur fonctionnement et leur encadrement. Le rapport invite également le législateur à établir le statut et les conditions de travail des membres de ces tribunaux administratifs.
La réflexion est poursuivie par un autre groupe de travail qui publie en 1994 son rapport, Une justice administrative pour le citoyen (le rapport Garant).
Tous ces rapports soulignent l’urgence d’une réforme. Le Québec vit depuis les années 1980 ce que plusieurs ont appelé une véritable crise de la justice administrative, résultant de nombreuses contestations de la légitimité même des tribunaux administratifs, de leur indépendance et de leur impartialité en regard de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne (la Charte québécoise). On considère à cette époque que le système de justice administrative est incohérent et inefficace.